Pierre Solié, Dernières pensées

 

  Le mythe et le Rien créateur

 

Edition établie, préfacée et poursuivie par Michel Cazenave

 

Éditions Le Martin Pêcheur / Domaine Jungien

 

2014 – 130 pages

 

 

 

Et voilà un ouvrage tant attendu, qui se doit dès à présent d’intégrer toutes bibliothèque des « jungiens ». Jungiens ? J’entends par jungiens tous ceux qui cherchent ou ont vécu une expérience intérieure de quelque manière que ce soit. J’entends par jungiens tous ceux qui ne croient pas, mais « savent » que derrière le flash incandescent de notre conscience vagabonde, se trouve un royaume tout aussi vrai que ce que nos quotidiennes vacances touchent du bout des doigts.  « Ca voir », que dans les manifestations fugaces ou prégnantes de nos phantasmes se dit aussi la Vie.

Pierre Solié n’est pas de ces figures omniprésentes et médiatisées à outrance, d’ailleurs les plus pointues en la matière ne le sont pas tout à fait, ou pas assez, ou suffisamment pour préserver leur intégrité suivant le plan où nous nous agissons. Et pourtant, son travail est incontournable, tant sur le fond que sur la forme. Pierre Solié n’écrit que pour dire des choses qui vont droit au but et cible l’essentiel. Est-ce un hasard si l’un de ses ouvrages s’appelle « la Femme essentielle », je ne crois pas, d’ailleurs je ne crois pas au hasard. Ce hasard qui lui fit rencontrer Michel Cazenave qui nous livre ici les dernières pensées de ce frère, ami Pierre. Alors bien sûr nous pouvons lire entre les lignes la profonde amitié, l’affection qui lie les deux hommes, mais aussi le respect des idées. Des points clés de la pensée de Pierre Solié, rien n’est oublié, trahi, défiguré. De la figure de la Mère et la puissance du néant, à la notion de mythanalyse, en passant par le féminin vu par Solié, nous révisons de façon claire et concise les thèses d’un maitre élève qui a su dépasser les clivages scolastiques, trop souvent sclérosants et de se référer à Freud, Lacan, …  bien sûr et bien entendu Jung. Solié est une sorte de ménestrel, ménestrel de l’âme, osant, clamant, dans un sérieux tout ordonné, éclaboussant de ci de là ses textes de petites touches d’un humour qui ne fait que nous le rendre plus sage. Car enfin le sage est toujours un peu fou. On peut  sentir sous sa plume savante l’engouement, l’enthousiasme et ce fil de folie. J’apprécie dans ces textes la pertinence de l’analyse, c’est un fait, à le lire  comment ne pas apprécier, se poser des questions, se « remettre » en question, mais aussi la manière de la dire, franche et directe. Solié ose se mettre à nu, à tel point que je le découvrais sur le papier à travers des confidences des plus intimes, des plus folles. C’est en lisant la retranscription de ses rêves dans « Les Odyssées du Féminin » que je restais coite ; quoi enfin, un de ces maitres de la pensée osait livrer son histoire crue. Voilà la pensée réelle qui ne se leste pas à l’intellect mais sait aussi s’aventurer dans le vrai, et le vécu, et cela signe une authenticité humaine suffisamment rare pour qu’elle soit retenue. Oui Solié est un être humain et quel être humain. A travers ses dernières lignes nous retrouvons ce fil de vie (ce fils de vie) qu’il a su confier au seul sans doute qui pouvait avec bonne mesure nous livrer son message.

Pierre Solié n’est plus, mais au-delà de la mort, ces fils de la lune sont toujours aussi complices,  et en lisant ce livre nous apercevons un peu de cette grande et belle humanité qui fait que les âmes les plus sincères savent se rejoindre et parler le même langage. Nous pouvons  y retrouver le cheminement clé des pensées que Solié a travaillé tout au long de sa vie, qui donne l’envie, si ce n’est déjà fait, d’aller « dévorer » ses autres écrits, mais tout autant un sentiment profond que parfois les êtres peuvent se comprendre, vraiment.

 

Ouvrages de Pierre Solié

 

• Médecines initiatiques aux sources des psychothérapies(Le Martin Pécheur)
• Les Odyssées du Féminin (Séveyrat)
• Le sacrifice fondateur de civilisation et d’individuation (A. Michel)
• La Femme essentielle, mythanalyse de la grand-mère et de ses fils amants (Seghers)
• Psychanalyse et imaginal (Imago)