En jungienne appliquée je note tous mes rêves depuis de nombreuses années. Mon âme est bavarde, elle m’envoie un rêve minimum par nuit, sans compter les nombreuses images hypnagogiques et les Images qui croisent aussi la vie consciente. Cela fait beaucoup de matière à observer, intégrer, « prendre avec », « analyser » … Mais certains rêves ont une teneur très particulière et laisse un goût indélébile sur la langue. Ainsi ce petit rêve de l’autre nuit où de merveilleux mots d’amour me furent donnés. Émergeant des entrailles de ma psyché ils m’ouvrent de nouvelles compréhensions sur la notion d’amour, l’amour reçu, l’amour offert, l’instinct vivant, la tendresse. Ici l’amour se propose comme un reflet lorsque les protagonistes ne trichent pas, un fait naturel, un flux de vie même à travers la mort. A ces mots d’amour se rattache la notion que l’on peut rendre, renvoyer, refléter à l’autre que l’on aime en ayant vu son amour. Soit, toute relation passe un tant soit peu par la projection et l’amour lui-même ne peut pas se passer de projection psychique.
Je peux lire ce rêve sur le plan de l’objet (c’est l’âme de la chienne défunte qui me parle) ou sur le plan du sujet (c’est la part instinctive chienne de mon âme qui me parle), cela ne change pas grand-chose à l’affaire. En effet, que ce soit cette petite bête chérie ou la part sauvage de ma psyché dont j’ose prendre soin, la lecture fonctionne. En tant que femme il n’est pas anodin d’avoir la chienne en soi gratifiée par l’amour. Ce chien psychopompe, ce chien gardien des autres mondes, ce chien venant du loup, associé « aux enfers, au monde de dessus, aux empires invisibles que régissent les divinités chthoniennes ou séléniques […] terre, eau, lune dont on connait la signification occulte, femelle, tout à la fois végétative, sexuelle, divinatoire, fondamentale, tout aussi bien pour le concept d’inconscient que pour celui du subconscient 2. » De là émerge le souvenir d’un autre rêve où Anubis grimaçait tel un Dionysos dansant, porteur d’une profonde sagesse qui m’invitait à la joie la plus sauvage. Il s’agit du miroir, de l’amour dit parce que l’amour reçu est enfin aussi donné, de passer la tête dans l’ombre pour ne pas voir que la lumière aveuglante. Se connaitre soi-même c’est aussi regarder dans l’ombre la plus profonde et y semer l’amour … Voilà comment un « chien » peut nous donner la main sur le chemin de
l’âme.
«Je vois arriver, toute joyeuse, la chienne qui vient de décéder. Elle est accompagnée de Dagobert, chat mythique familial mort lui-même en 2003. Elle vient vers moi, comme tout chien manifestant sa joie et me dit » Merci de m’avoir aimée ». »
- 1 Peinture, « le rêve » de Philippe Amagat (http://www.livegalerie.com/Peinture,le_reve,philippe_amagat,110013.html)
- 2 Dictionnaire des symboles Jean Chevalier, Alain Gheerbrant p 239