Pervers narcissique et dégâts familiaux

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Lorsque nous sommes enfant d’un pervers narcissique nous n’héritons pas forcément de sa déviance, mais obligatoirement nous en souffrons – presque – toute notre vie. Le problème est délicat et difficile à identifier car nous pouvons côtoyer, vivre avec un PN, 10, 20, 30 ans sans se douter une seule seconde que ce sombre personnage a distillé en nous tout un ensemble de poisons dont nous ne distinguons pas clairement le nom. Angoisse, anxiété, parano, jalousie, doute, incertitude, toute une panoplie de démons nous assaille sans que n’en connaissions l’origine. Il est souvent fait état des victimes du PN, victimes avec qui il joue et en qui il cherche à combler le vide de sa profondeur (collègues, amis, nombreux amants ou maîtresses …). Dans ces cas-là il est presque aisé de repérer le PN qui tisse sa toile de double contrainte et de manipulation directe. Il est un autre terrain sur lequel le PN fait des ravages. Le PN n’est pas qu’un personnage qui vit en solitaire traquant sa proie au coin du bois. Il peut aussi vivre en meute et la maintient sous son emprise, empire auquel il tient. Conjoint, enfants font partie de ses possessions. Croiser un PN sur sa route est une chose dont on peut se sortir, relativement vite, mais vivre avec un PN est encore autre chose.  La couche est plutôt belle, la maison plaisante, la façade clinquante. Ce que l’on voit des rapports du PN avec ceux de sa meute peut nous rendre envieux. Il « aime » son conjoint (qui pourtant est exécrable ! laisse t-il supposer), il « aime » ses enfants, il le dit à tous vents et à qui veut l’entendre. Il le montre même, par quelques petits gestes destinés au public, quelques mots devant tous. Ces petites choses dont il se galvanise et qui lui font penser qu’il est un « homme bien ! » Mais sous la surface la boue. Avec ces mots d’amour sont distribués des mots qui sèment le doute, un égoïsme féroce, un jeu de mensonge qui l’amuse, une manipulation prédatrice, qui se trouve toujours des excuses : le PN n’est jamais responsable de ses actes (C’est la faute au conjoint, aux parents, à la culture etc.). Tissant sa toile jour après jour il est capable de leurrer pendant des dizaines d’années, c’est toujours l’autre le méchant, qui par évidence devient méchant à force de ne plus savoir démêler le vrai du faux, l’amour de la haine. La relation est perverse, malsaine, mais solide et attachée. C’est en quelque sorte le syndrome de Stockholm, au lieu de fuir on aime son bourreau et ce jeu à double entrée dont le PN sortira toujours gagnant car c’est lui, dès le départ, qui est le maître du jeu. On ne sort jamais indemne d’une telle aventure. Plus on passe de temps dans les brouillards montés de son esprit psychanalyse-victime-pervers-narcissique-entreprise-travailmalade, plus on est imbibé de cette mixture. Il en est du conjoint comme il en est des enfants qui impriment en leur âme le fonctionnement dichotomique de leur modèle parental. Aucune âme n’en sort sans plaies. La fêlure portée par les coups paradoxaux du PN est irréparable lorsque l’on a vécu des dizaines d’années sous son emprise et cette fragilité fait qu’il devient quasi impossible de vivre autrement que dans ce système « je t’aime, moi non plus ! ». Les dommages sont d’autant plus grands que le mal est sournois, indicible et qu’ils sont donnés par un être que nous aimons envers et contre tout. Soit le conjoint pourrait se demander pourquoi il a choisi ce compagnon, cette compagne si malveillante, et pourquoi au bout de tant d’années il reste toujours là, à se poser mille questions, à porter sur lui la responsabilité des aigreurs du couple sans décider un beau matin de fuir, comment n’as t-il jamais rien vu ? Les enfants n’ont pas choisi leurs parents et la déification qu’ils leur ont portée durant leur petite enfance rend le lien indélébile. Comment fuir ? Comment apprend-on que l’on peut vivre autrement, vivre et ne plus subir, vivre et ne plus être manipulé, utilisé. Comment vit-on sans se manipuler soi – même, sans se mentir soi – même ? Car il s’agit bien de cela ; lorsque l’on vit si longtemps sous l’emprise du PN on ne devient pas soi-même PN avec les autres, mais on l’est avec soi – même. Cela apparaît très clairement dans les rêves où la figure majeure de l’Anima/Animus se présente elle-même comme perverse, manipulatrice, destructrice. Mais c’est ici que se trouve la clé ! S’il n’est pas possible de « guérir » un PN , ni de se remettre par la raison de ses perversions, il est possible d’aller à la rencontre du PN en soi. Je veux dire que les figures oniriques PN ont la particularité de souffrir de leur état et de demander de l’aide. Seule la psyché possède le pouvoir de métamorphose et l’état maladif n’est pas leur état naturel. La prise de conscience à elle seule ne suffit pas, il est nécessaire de retrouver l’état naturel d’origine de la figure intérieure pour panser les plaies de l’âme. Cela nécessite un travail colossal, une prise de conscience majeure. Non mon-ex-est-il-un-pervers-narcissiqueseulement nous devons accepter et reconnaitre le fait d’avoir, sans le savoir, vécu avec un tel personnage, mais nous devons aussi reconnaitre le fait de l’avoir intégré, de l’être, en soi. Reconnaitre aussi toutes les projections que nous en faisons, c’est d’ailleurs de cette manière que nous commençons à en prendre conscience. Au fil de ce travail la fêlure se consolide, la cassure ne laisse plus qu’une cicatrice, à vie, mais n’est plus une plaie sanglante. On peut survivre et vivre sans être coupé en deux, écartelé. Et même, arrive un jour où cette trace indélébile est comme toutes les cicatrices, un baromètre qui nous indique le temps, un instinct sûr de l’équilibre et de l’harmonie, une facilité à ne plus jamais tomber.

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