Micheline Brès

20181102_212809[1]Micheline nous a quitté, retrouvez la revue de la Psychosynthèse qui lui rend hommage.

Lien vers l’Institut Français de Psychosynthèse

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Numéro : 9 €

 

Lorsque des êtres chers s’en vont, il nous revient des fils de mémoires, pendus comme des toiles. Ils tissent et touchent au fond de notre âme, le souvenir. Ce qui reste le plus ce sont des instants fugaces, quelques secondes, un regard, un geste, un instant partagé, comme si la vie se résumait à ces instants, à des reliances d’âmes. C’est vrai en ce qui concerne les plus proches, les parents même ! L’odeur de mon père rentrant de la vigne, le rire de ma mère, sa voix quand elle chante. La main de ma grand-mère quand elle glisse, douce, sur la peau de mon bras pour me dire, « je suis là ». Mais il en est de même avec les êtres que l’on croise et qui savent, un instant, frapper à notre porte intérieure. Micheline a laissé quelques pendeloques de nuages dans l’esprit de ma vie. Bien sûr il y a la première rencontre, polie, bienveillante, un peu protocolaire. Il y a ce jour-là, à la banque, elle et moi, et Micheline de son caractère posé mais ferme qui donne les directives. Il y a cet autre jour où attablée, penchée sur sa table de travail, elle s’acharne à traduire les mots qui chantent en italien et que Franco confirme de son accent solaire. Il y a un autre jour, où marchant toutes deux dans la rue, nous avons tant parlé de psychosynthèse, de ses sources, de ses possibles métamorphoses. Bien sûr il y a tout cela. Comme il y a aussi sa présence rassurante et son sourire réconfortant. Mais il y a surtout un instant pas comme les autres, qui est pour moi « Micheline », qui la garde à jamais dans mon cœur. Ce jour-là j’étais arrivée un peu en avance, pour préparer la réunion du bureau qui devait avoir lieu. Je pensais être seule à cette heure de l’aube tardive de l’hiver. J’entrais dans la cuisine, elle était là : « la présidente » s’appliquait à préparer des toasts ! Je restais un instant à la regarder faire. Comme une petite fille appliquée à sa tâche elle beurrait les petits pains. On aurait dit une mère préparant le goûter des enfants, il y avait tant d’amour dans son geste, tant de « prendre soin ». C’était cachée dans la cuisine, dans le silence, que « la présidente » transmettait ce qu’aucun mot ne peut dire. La minutie qu’elle posait dans son geste, l’humilité d’être venue si tôt alors que le chemin pour elle était long et fatiguant, le silence, comme une fleur posée en cerise sur le gâteau, l’instant était magique. Après il y aurait le monde, les bavardages, les questions, les réponses, l’heure à l’intellect. Mais avant l’heure elle laissait planer dans l’espace un frémissement de ce que nous appelons le Soi. Micheline était totalement elle-même, forte et droite, appliquée et douce, « bonne ». Je n’ai rien dit, je ne voulais pas briser le charme. Je me suis approchée, j’ai pris un couteau et me suis attelée à la tâche. Nous nous sommes regardées, nous nous sommes souri et nous étions heureuses, d’être là à faire, ensemble, dans un partage. C’était comme une offrande au monde, à ceux qui allaient arriver, l’expression d’une gratitude extrême. Comme ça, toute seule en beurrant ses tartines, Micheline présidente nous disait combien comptait pour elle cet Institut auquel elle a tant donné, cette psychosynthèse qu’elle a toujours servi, et nous, qui tentions de toutes nos manières possibles, de la suivre…téléchargement (1)

Vous pensiez peut-être que j’allais parler de la femme si présente et si active à L’Institut, de la présidente, de l’auteure ? Oui elle fut tout cela, remuant ciel et terre pour nous garder debout et souriant de l’être. Mais ce n’est pas cela qui reste gravé dans ma mémoire, qui vit avec moi. Ce qui vit avec moi c’est ce qui se cache sous la volonté, la constance et la force, c’est la faille, la faille d’amour.  La dernière fois que je vis Micheline, elle était fatiguée, la maladie œuvrait de ses serres crochues, mais elle était là. Elle avait pris ce train qui ne semble jamais en finir lorsque l’on est fatigué. Elle avait traversé la rue, monté les étages, pour être là, offrant sa force et son courage, tel un flambeau.

Vous pensiez peut-être que j’allais parler de la praticienne en psychosynthèse ? Mais la psychosynthèse auprès de Micheline ce n’était pas une pratique, un outil que l’on garde dans sa poche au cas où… C’était une manière de vivre, chaque instant. Quand cet instant a brillé dans ses yeux, magnifiques, ce jour-là dans la cuisine, il a rempli mon cœur et rejoint l’espace de l’éternité.

Sylvie

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