Rencontre avec les Arts Primitifs

oceanie-nouvelle-guinee-trobriands-danse-prestige-verite-ocng249- 28J’aime marcher dans Paris, dans certains quartiers, quel que soit l’heure et le temps. J’aime ses lumières et aussi ses odeurs car je ne fais qu’y passer sans doute. J’aime les foules passantes, car je peux les fuir aussi quand je veux. J’aime le bruit silencieux de mon anonyme présence qui se noie, je me sens de la race humaine, ici et maintenant.

Qui suis-je, qui sommes-nous ?

Sans être aucunement prisonnière de son tumulte et de ses souffrances je peux m’y attarder, musarder, observer. J’aime observer, sentir, humer, ressentir, poursuivre mon chemin.

Il arrive parfois que notre humanité se trouve face à face avec quelque chose de soi, un écho projectif, qui nous parle de nous. Ce fut le cas il y a quelques jours. Transitant d’un endroit à un autre, imbibée des œuvres de Mucha que je venais de voir, entre deux cours, je marchais dans Paris. La pluie menue bruissait, je marchais. Je regardais les vitrines menteuses, amusée de leurs perfides attraits. En plein cœur du 6eme, alors que tout scintille de clinquants artifices, une devanture est presque simple, c’est un saut dans le temps ! Pas de néons, pas de fluo, rien de pimpant, du bois, du bleu. Un humain tout au fond s’activait lentement et dans la vitrine des formes qui parlaient. Jaillis du fond des temps les arts primitifs s’exposaient, leurs racines ancrées bien profond dans la terre, entortillées peut-être, vivantes sûrement. Dans cette ville aimant, la Paris millénaire s’offrait dans un recoin une valse d’amour avec l’éternité. Je marchais sur l’asphalte au son d’un siècle sourd et je nouais mon âme aux torsades gravées sur les bois séculiers.

Ce ne fut pas un choc, ni même une blessure, ce fut plutôt un voile qui s’écarte. J’étais cette femme du XXIe siècle qui marchait dans Paris. J’étais aussi cette âme liée au fond du monde, aux forêts sauvageonnes, aux danses et aux chants, aux dieux et aux déesses des peuples primitifs. Il y a en moi un être tribal, une sauvage, une danseuse qui tape ses pieds nus sur la terre de poussière, pose son masque gris sur ses paupières closes et chante au crépuscule. Regarder ces sculptures, des arts dit primitifs, nous rappelle à cela, nous relie à cela. Nous aurons beau construire tous les buildings du monde, voyager sur la lune, maîtriser Internet, un souvenir ancré dans la psyché sans âge nous ramène à cela, le primitif, la souche de notre humanité.

Qu’est-ce que l’art sinon la tentative d’exprimer l’indicible, le lien que  nous avons avec les Autres Mondes ou bien la tentative de voir « avant », « ailleurs » ? Je ne parle pas de l’art « conceptuel », cette course sans fin de faire toujours mieux, plus, jamais vu, je parle de cette tentative d’extirper de nos tripes psychiques la foisonnante forme de sa vivante esquisse. C’est sous cette forme que l’art expose le reflet de son temps, le précède et le rêve, le dénonce. Il nous permet de lire, et puis de ressentir, cette chaîne d’humains, leurs rêves, leurs fantasmes, leurs peurs et leurs visions, il nous relie à ce qui fait de nous des « Hommes ». L’art n’est pas l’apanage de l’humain certains oiseaux, comme le Jardinier Satiné,  décorent avec attention colorée les abords de son nid. D’autres le tissent d’une beauté extrême. La différence c’est peut-être notre conscience de « faire », qu’ils n’ont peut-être pas. La différence c’est cette longue chaîne, la différence c’est l’Histoire de l’art. Et cette histoire nous ramène au tribal, au Primitif, à l’essentiel en quelque sorte, à l’essence première de ce que nous fûmes, de ce que nous sommes. Dans cette boutique, créée par Suzanne et Pierre Vérité en 1931,  sont venus Picasso, Ernst, Lhote, Breton, Malraux… Est-ce un hasard ? Est-ce un hasard si les âmes les plus clairvoyantes de leur époque sont venues se nourrir aux sources que sont le « Primitif » ?

L’inconscient collectif est malicieux, sur la façade sobre se détache les mots « Archéologie », « Vérité » et « Arts Primitifs ». Si ce n’est plus Vérité qui dirige l’affaire, mais Stéphane Mangin, l’âme est toujours vivante et l’esprit bien gardé.

La vérité est là : je pouvais arpenter le temps qui est le mien tout en laissant jaillir de mes entrailles, le souffle primitif de mon essence humaine, j’étais réunifiée, entière.

galeriefacade

Galerie Antiquités – Arts Primitifs – Expertises —-> Kanaga 141 Bv Raspail 75006 Paris

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