Le féminin lunaire, féminin du patriarcat ?

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La Femme dans la société celte, Le Féminin solaire dans la mythologie, Les Figures symboliques du Féminin et du Masculin, sont le fruit d’un travail de dizaines d’années, de travail intérieur (analyse jungienne et psychosynthèse), d’observation, d’études poussées de l’histoire, de la mythologie, des religions, des spiritualités, de voyages et d’expériences in situ. Le fruit de l’accompagnement aussi, de femmes et d’hommes dans le lent et difficile accouchement de leur âme. Ce travail m’a menée inexorablement à une réalité surprenante et bouleversante. Les anciens l’ont exprimé, sous les couches vibrantes archétypales se love un Féminin sacré, sa fécondité, sa joie et sa force. Notre féminin divin est aujourd’hui amputé d’une grande partie de son essence, il ne reste de lui que sa fonction maternelle et consolatrice. Mais avant il possédait une force et un rayonnement créateur indéniable. Les vielles déesses que sont, par exemple, Isis, Amaterasu, Sol, Aetensick etc. en portent encore grandement les attributs. Se trouver un instant devant le miroir flamboyant de la Dame japonaise, sur le parcours gravé des Femmes divines de l’Egypte ne laissent aucun doute. Puiser dans les chemins de Ninghursag, d’Ishtar, de Cybèle nous enseigne leur puissance, leur gloire, leur bienveillance, leur colère, leur flamboyance. Retrouver dans les mythes les aspects lumineux de Brigid, Iseult, Déméter, il n’y a plus d’hésitation possible, ce Féminin est solaire.

woman-happiness-sunrise-silhouette-40192Plonger en soi, jusqu’au plus profond de l’abîme, traverser les ombres et les calices, nous permet d’advenir à l’expérience lumineuse intérieure : un Soi solaire et Féminin. Lorsque qu’au bout de sa quête Lucius d’Apulée se confronte au plus profond de l’âme, c’est Isis lumineuse et colorée qui apparaît. Marie Louise von Franz[1] avance : Anima pour un homme, manifestation du Soi pour une femme.

pexels-photo-2011639Le caractère solaire pose question, à nous qui envisageons le féminin comme lunaire, la femme lune, ombre dansante des profondeurs de la nuit quand le masculin, l’homme, s’expose solaire et rayonnant. Les humeurs, les cycles féminins tendent à conforter cette vision et la belle Blodeuwedd, terminant sa course mythique sous la forme de chouette hululant sous la lune confirme cette idée.

Aller plus loin et plus profondément, nous voilà devant l’aspect d’un féminin qui sans paraître étrange dévoile une Figure particulière. Les traces les plus anciennes, les gravures les plus vieilles mais aussi les observations que l’on peut faire des pratiques ancestrales de peuples ayant moins que les autres subit le joug de l’envahisseur indo-iranien (le patriarcat) sont autant de preuves qu’avant le monothéisme fut un polythéisme et qu’avant le polythéisme fut un culte à une Grande Déesse et ses Consorts. Il suffit d’explorer avec minutie le rapport que fit Adrien Maisonneuve[2] sur les pratiques ancestrales non ariennes des Dravidiens, et de les comparer aux strates les plus anciennes des peuples les plus éloignés de la frange indo-iranienne (les Celtes, les Germains), pour qu’émerge cette figure divine, qui fleurit tout autant sur les plus anciens temples et dans les plus anciens cultes : un divin féminin  manifesté par la nature jaillissante et féconde.hathor et isis

Sous cet angle de lecture il apparaît alors que plus les mythes avancent et plus le féminin se met en repli, se lamente, se plaint, se love au creux des rochers et des criques, se cache, devient lunaire :  ce féminin lunaire apparaît comme le féminin du patriarcat. C’est sa manière à lui de survivre, de se nourrir encore aux souches maternelles du Grand Inconscient Maternel, la Nuit, la Serpente sacrée. Car, ce qui se dessine à la lecture de l’antique héritage c’est que le Féminin est à la fois nuit et serpent ET force vive, lumineuse essence, « éclairage du ciel », expression créative. La lune dans ces cultures archaïques est masculine, c’est elle qui féconde les femmes et perce la poche de leurs eaux, comme le mâle antique dont le rôle majeur est d’ordonner le monde par les cornes dressées de sa tête taureau, de sa tête bouc, de ses mains de Jardinier. Un Homme qui danse dans la nuit avancée, ouvre la voie et laisse épanouir ce féminin solaire dont la lumière, aujourd’hui nous manque tant.taureauxCY

[1] Marie Louise von Franz, L’Ane d’or.

[2] Adrien Maisonneuve, De l’arbre, de la pierre, du serpent et de la déesse-mère.

2 réflexions sur “Le féminin lunaire, féminin du patriarcat ?

  1. Bonjour,
    Permettez un commentaire un peu long sur l’histoire des « Solaires » et des « Lunaires ». Merci
    Comment le symbolisme évolue : les solaires et les lunaires
    Dans la grande lutte de sexes qui divisait les hommes et les femmes et coûta à l’humanité des flots de sang, on avait pris pour signes de ralliement des symboles astronomiques.
    Il y eut d’abord les Géocentriques et les Héliocentriques. La Terre, considérée alors comme l’emblème masculin, fut regardée comme le centre du Monde. Le soleil, considéré comme emblème féminin, fut regardé comme le centre de l’Univers.
    Les luttes furent d’abord locales, puis elles devinrent générales. L’Orient s’éleva contre l’Occident (L’Occitanie est la partie occidentale de l’Europe, que les Hindous nomment Varâha ; la partie orientale est appelée Kourou.).
    L’Orient, déjà envahi par les Mages, qui se prétendaient supérieurs, voulait imposer ses doctrines masculinistes aux pays du Nord, plus réfléchis, et qui restèrent plus tard attachés à la gynécocratie. Et toutes ces luttes eurent des symboles astronomiques, que des savants modernes prendront pour le fond même de la religion.
    Les Mages prétendent qu’ils ont raison contre l’Occident, puisque l’apparition du soleil et sa marche progressent d’Orient en Occident.
    Les Occidentaux font valoir que le mouvement des planètes se produit d’Occident en Orient. Ces antiques connaissaient donc les lois de la cosmologie tout aussi bien que les modernes.
    Mais ils étaient violents, et à l’occasion de ces disputes naissaient des conflits sanglants, des guerres interminables.
    Les Géocentriques avaient pris la lune comme symbole, tandis que les Héliocentriques arboraient le soleil comme emblème : il était le « grand Lucifer astral », l’Etoile du matin, la « Vénus Lucifera », l’astre éclipsé qui reparaît. Son nom signifie porte-flambeau (phosphoros). C’est l’avant-coureur de l’Aurore.
    La Chine fut longtemps géocentrique. « Les livres sanscrits, dit Fabre d’Olivet, parlent de l’origine de l’empire chinois qu’ils nomment Tchandra-Dwîpa, le pays de la lune masculinisée. Le nom de Tchinas, que les Brahmes donnent aux peuples qui l’habitent, ne signifie pas absolument des impies et des réprouvés, comme celui de Yawanas, dont ils signalent les Ioniens en général et les Grecs en particulier, mais seulement des schismatiques. » (L’Etat social de l’homme, t. I, p. 285.)
    La lune est tantôt Dieu, tantôt Déesse. Elle s’appelle Lunus ou Luna.
    La dénomination féminine ou masculine de l’astre nocturne peut être considérée comme l’expression de la domination de l’homme ou de la femme sur la Terre.
    La plus basse religion est le Tellurisme, qui voit le principe masculin dans les eaux telluriennes qui éteignent le feu, suppriment la lumière. C’est le masculin Poseïdon de la Grèce qui la représente ; c’est aussi le Mercure des Latins, souvent figuré en forme cubique, sans pieds ni mains, comme un Osiris momifié, comme un Terme. Quand on lui donnait des mains, on lui faisait tenir une escarcelle. Par « Mercure » on entendit, d’abord, l’élément humide, l’eau élémentaire qui éteint le feu de l’Esprit.
    Le principe mâle était aussi représenté par la force du vent qui renverse tout.
    Au Tellurisme se joint l’idée de la nuit, force chtonique (terrestre), en opposition avec le principe solaire.
    Dans ce culte masculin, on comptait d’après les nuits, non les jours. On choisissait la nuit pour les combats, les jugements, les exercices du culte, les amours, et cela est toujours resté dans les habitudes de l’homme : l’amour masculin fuit la lumière, cherche les soirs pour se satisfaire.
    Le côté droit a la priorité sur le côté gauche dans les religions masculines ; et le côté gauche l’emporte dans la religion féminine (Au moyen âge, les femmes portaient à droite l’écusson de leur mari sur leur robe juste et montante, à gauche les armes de leur famille.).
    La main gauche est préférée dans le régime maternel, elle représente le principe féminin ; la main droite représente le principe masculin ; et cela est ainsi resté : se marier de la main gauche, c’est se marier suivant les lois de la Nature, et de la main droite suivant les lois de l’homme.
    Le côté gauche (féminin) était appelé sinistra, d’où les maculinistes ont fait sinistre quand ils ont pris la femme en haine. Ces faits sont basés sur la loi des sexes et sur les caractères acquis dans la vie végétale ; c’est une preuve de plus de la science profonde acquise dès les premiers temps de la vie humaine.
    Renan nous apprend que la tribu de Benjamin (Ben-iamin) était appelée « fils de la droite », droitiers, par opposition aux féministes appelés « fils de la gauche ». (Histoire du Peuple d’Israël, t. I, p. 244.)
    C’était une tribu peu nombreuse, composée de jeunes gens braves (c’est-à-dire qui bravaient) et qui avaient une mauvaise réputation. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire les Juges (XXXXI) pour voir quelles étaient leurs horribles mœurs.
    Les Benjamites avaient leur centre à Gibéa, à une lieue de Jérusalem.
    Les monnaies en Gaule représentèrent, jusqu’au Vème et IVème siècle avant notre ère, l’Agni ou Soleil Eternel, figurant le « germe d’or », naissant lui-même de l’arc-en-ciel, symbole de l’Isis celtique des Druides.
    En Arabie, la lune fut d’abord représentée par l’être mâle, Sin ; plus tard, par les Déesses et les Dieux mêlés Alilat-Naila-Sawaha-Monat.
    Mais l’évolution religieuse faisait monter l’homme dans la hiérarchie divine. La puissance religieuse masculine eut trois degrés : elle commença par le Poséidonisme, l’homme ténèbre qui éteint les lumières, noie l’Esprit ; c’est le Tellurisme.
    De là, elle monte dans le ciel, mais y occupe la seconde place : c’est la phase lunaire.
    Enfin, l’ambition de l’homme grandissant avec son orgueil, il prend la première place, il devient un Dieu solaire. Alors, dans la confusion qui règne, le soleil devient la Terre. C’est pour cela que le nom de l’astre radieux, Sol, devient le nom du terrain sur lequel nous marchons.
    Dans le symbolisme exubérant de cette époque, nous voyons aussi que les choses abstraites et concrètes sont divisées en deux genres : le féminin et le masculin.
    On donne un sexe aux facultés et aux objets qui les représentent. C’est ainsi que nous retrouvons partout, dans le langage, cette opposition de l’Esprit et de la Force, c’est-à-dire des facultés féminines et des facultés masculines.
    Ce dualisme est répandu partout, il fait le fond de la Religion et des traditions populaires.
    Mais il ne faudrait pas chercher dans les formes de langage dérivées des formes archaïques le genre donné primitivement aux choses, puisqu’il y a eu, à l’époque de l’histoire que nous étudions en ce moment, renversement des idées primitives au profit de l’homme, par conséquent des genres primitifs.
    C’est ainsi que, dans les langues archaïques, le mot Esprit est féminin, le mot Force est masculin. Le renversement nous a amenés à un esprit masculin et une force féminine.
    Mais les altérations des langues n’ont pas été partout aussi complètes. Les régions méridionales vont plus vite dans la décadence et, par suite, dans le renversement qui en est la conséquence. Les régions septentrionales restent plus près des lois de la Nature, des formes primitives de la société. « Les Druides, entraînés par l’esprit de leur culte, dit Fabre d’Olivet (L’Etat Social, p. 189), prononcèrent le genre féminin le premier et frappèrent ainsi le langage boréen d’un caractère indélébile, d’un caractère entièrement opposé à celui du langage sudéen. Ayant à désigner, par exemple, des objets dont le genre n’existe que dans les formes du langage, ils appliquèrent le genre féminin ou masculin d’une manière opposée à l’opinion constante du règne hominal, attribuant le genre féminin au soleil et le masculin à la lune. » C’est-à-dire en contradiction avec les idées renversées, car la nature des choses est, au contraire, conforme au langage primitif.
    Et Fabre d’Olivet ajoute :
    « Cette contradiction a disparu dans un grand nombre de dialectes celtiques, à cause de l’ascendant qu’y ont pris les dialectes atlantiques avec lesquels ils se sont mêlés, mais, dans le centre de l’Europe, le dialecte allemand a conservé cette singularité. Dans ce dialecte, le soleil, die sonne, l’air, die luft, le temps, die zeit, l’amour, die liebe, etc., sont du genre féminin, et la lune, der mond, la mort, der todt, etc., sont du masculin. La vie, das leben, est du neutre. »
    La femme (sexuelle) est neutre, das weib. C’est son Esprit qui est féminin, non son corps qui était représenté par un animal (le sphinx). Donc, le genre qualifie l’être spirituel, non l’être sexuel. Dans la vie sexuelle, il y a renversement des Principes ; c’est pour cela que l’organe sexuel féminin était du masculin (le kteïs) et l’organe masculin du féminin, ce qui est resté dans quelques langues.
    Chez les Celtes, le féminin était le genre noble, le premier ; le langage boréen restait propre et en opposition avec le langage sudéen déjà renversé ou impropre.
    Une autre clef psychologique du langage primitif est celle-ci : suite ci-dessous :
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/celtes-et-latins.html
    Cordialement.

    1. sidovm

      Merci d’avoir pris le temps de ce long commentaire. Pourriez vous donnez plus précisément vos sources et nous donnez le cheminement de vos déductions ?

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