Apprendre l’Histoire et la Littérature

Suite à une décision de donner à mon petit-fils des cours de soutien dans le rébarbatif programme du lycée, j’ai cherché, comme à mon habitude, comment rendre l’apprentissage plus ludique et plaisant. J’ai le souvenir de mes apprentissages et je le vois peiner à apprendre « par cœur » des dates et des situations qui par ces méthodes ne proposent aucune profondeur, aucun lien au vécu, aucun sens. Dans les métiers de l’apprentissage nous savons très bien qu’il ne peut se faire qu’avec le plaisir d’apprendre et le sens qu’il prend, le lien avec notre propre vécu et notre « humanité ». Je constate que malgré toutes les bonnes volontés, les grandes théories, l’apprentissage en 2019 est aussi rébarbatif qu’il fut quand j’étais moi-même à l’école. Aborder Britannicus de Racine sans lui donner un lien avec notre monde moderne est d’un rébarbatif sans nom. Pour accompagner mon petit trésor je suis donc partie en quête de ce qui pouvait compléter ses cours de façon à leur donner du sens. Pour la littérature et l’histoire je n’ai rien trouvé de mieux que de chercher l’Histoire dans les histoires et par une belle plume, ainsi plusieurs apprentissages se font en même temps et le plaisir d’apprendre s’agrémente du plaisir de lire, de rêver, d’imaginer, de réfléchir, de se faire une idée…

PuyiAlors qu’il était question dans ses cours d’histoire d’aborder la ville de Pékin et la Cité Interdite, je me suis moi-même plongée dans la quête. Nous avons visionné, ensemble, la série Marco Polo. Bien sûr il s’y trouve des libertés avec l’histoire mais elles permettent de regarder chaque scène et de tenter d’y déceler le vrai du faux, un bel apprentissage. J’ai fini par trouver aussi, en cherchant pas mal, le DVD du film Puyi dernier empereur de Chine[1], mais aussi L’Empire du soleil[2]. Et puis, et là j’ai moi-même appris tant de choses, j’ai proposé à mon petit-fils la lecture des ouvrages de Shan Sa ! Une vraie pépite d’Histoire, d’histoire et un apprentissage du français hors pair. Un vocabulaire riche, un style, un français parfait. Nous ne nous contentons pas de lire ou de regarder, nous débattons, resituons le temps et l’espace (que se passait-il à la même époque ailleurs ?) Nous analysons comment l’être humain en est venu là et ce que cela a généré après, sans aucun jugement de ma part afin qu’il fasse sa propre opinion. Je tiens à ce qu’il apprenne à faire son opinion et sa vision de l’histoire. Il ne s’agit pas de fabriquer un perroquet mais un être qui pense par lui-même.Empire_du_soleil

Cette réalité de l’apprentissage m’est apparue lorsque je lisais, il y a fort longtemps, l’ouvrage d’Helen Dunmore, La Faim[3], qui m’a permis de saisir un pan d’Histoire bien mieux que tous les cours que j’avais pu suivre à son sujet. Rien ne m’a mieux appris de l’Histoire des Amériques que de lire leur littérature. J’utilise donc ce croisement de l’histoire, de l’écriture et de l’Histoire dans de nombreux cas de figures. Par exemple je donne à lire ou regarder La Vague[4], à tous mes stagiaires/étudiants en pédagogie ou accompagnement.

Alors que nous planchions sur ce fichu Britannicus, dont mon petit-fils ne comprenait rien car, disait-il, « mamie c’est du vieux français, je ne comprends rien ! » nous avons eu l’idée, qui s’est révélée fructueuse, de le lire en le jouant, avec un tantinet d’exagération et de caricature. Prenant le temps après chaque chapitre de traduire en notre temps et en disséquant le sens, nous adaptions le ton et la posture qui va avec chaque tirade. Un pur bonheur, un vrai plaisir. Britannicus n’a plus de secret pour lui, ni même Racine : nous avons joué avec les Cartes Mentales pour situer les acteurs du temps et les courants littéraires.Carte mentale courants litt

Ces méthodes d’apprentissage, parfaitement connues et souvent mises en œuvre dans l’apprentissage des adultes (socio constructivisme, méthodes actives), développées par les grands chercheurs de la psycho-pédagogie fonctionnent, aussi, parfaitement bien avec les enfants. Nous le savons, pourquoi dans ce cas trouver sur le carnet de devoirs d’un Seconde, « pour jeudi lire l’acte 4 de Britannicus, en faire un résumé ! » ? (pourquoi ne pas le faire ensemble avant ?). Nous pouvons constater que les professeurs préférés et les matières les plus investies sont celles des professeurs qui mettent du cœur à l’ouvrage, qui aiment se dont ils parlent, qui vivent leur cours et explorent « avec » les élèves… Khaldun, Vives, Basedow, Pestalozzi, Owen, Kergomard, Key, Faure, Tagore, Montessori, Parkhusrt, Lechani, Freinet, Piaget, Vygotsky, Hagnauer, Feuerstein, Rogers, Porter, Meirieu…  sont encore à lire et à mettre en œuvre…

« C’est pourquoi il est si important de raconter des histoires aux enfants et aux adolescents. Des histoires qui entrent en résonance avec eux et qui leur permettent tout à la fois de symboliser ce qu’ils vivent et de découvrir de nouveaux horizons. »

Philippe Meirieu

(PS pour la prof de français : il n’est pas inutile, ni interdit, d’utiliser des références modernes de films ou de livres dans les devoirs de français !)

[1] Film Le Dernier Empereur  de Bernardo Bertolucci, sorti en 1987.

[2] Film L’Empire du Soleil, de Spielberg, sorti en 1988

[3] Helen Dunmore, La Faim, le siège de Stalingrad, 2003.

[4] Todd Strasser La Vague, 1981, adaptation du téléfilm La Vague, lui-même inspiré de La troisième vague, une expérience de psychologie pratique réalisée au lycée Cubberley à Palo Alto en 1967 par le professeur d’histoire Ron Jones.

Eaux profondes, le film (extraits de texte)

e280a61… Comment as – tu envie ? Doucement, fort, humide et chaud ? Pense au lieu de douceur qui couve entre mes jambes. Regarde sans toucher l’eau qui commence à poindre, les perles de rosée sur ma lèvre, comme sur mon pubis. Qu’est-ce que tu veux ? Pénétrer le mystère sous la toison cachée ? Sentir l’odeur de nos effluves, suaves, aigres, animales ? Viens ! Tu peux t’approcher, doucement. Regarde, je danse déjà, je fais le va et vient pour empaler mes hanches …

… Quand je touche la peau de mon amour, il ne sait pas. Il ne sait pas comment je tremble. Il ne sait pas comment le frisson rafraîchit mon âme. Il le devine, comme un secret trop mal gardé, car son regard oblique pose doucement sa lumière sur mon visage. Quel lourd secret se cache dans l’alcôve ? …img_2981

… Mais la sexualité peut être comme un rite initiatique, c’est bien ce qu’elle fut à certaines époques, dans certaines sociétés, non pas comme une « technique » d’extase où j’utilise l’autre à mon épanouissement, mais comme une « communion» dans l’extase, et c’est de cette manière que peut naître l’enfant,  cette fille mythique de Psyché et d’Éros, cette fille qui a pour nom Volupté …

… Je me sens sirène lorsque je suis malheureuse et je suis malheureuse quand je n’ai pas l’amour de l’homme que j’aime, que je n’ai pas ce masculin qui pourrait me hisser, vers le ciel, ce masculin qui seul peut couper ma queue pour en faire des jambes vivantes. Ce masculin qui pourrait me sortir de cette indifférenciation dans laquelle je me trouve avec l’océan, c’est-à-dire avec l’inconscient collectif qui me retient prisonnière. Oui je me sens cette sirène liée à son rocher, et telle Psyché, je  geins. Du coup bien évidemment je chante pour tenter d’attirer les marins, les hommes. S’ils se perdent c’est qu’ils viennent sans amour. Mais si se trouve l’amour alors eaux-profondes-9je redeviendrais cette sirène ailée que nous montre les gravures les plus anciennes …

Extraits des textes écrits et enregistrés pour le film Eaux Profondes d’Alice Heit, que vous pourrez découvrir dès le mois d’octobre 2017.

©Sylvie Verchère Merle, tous droits réservés – 2017 – Les Eaux Profondes, Alice Heit.

Cinéma expérimental : Les Eaux Profondes d’Alice Heit

20604539_532443910480693_6105181367908299539_nJ’ai, par quelques textes, le plaisir de participer à un projet que je trouve exceptionnel et audacieux, la création d’un film expérimental sélectionné par Light Cone.

Ce film c’est EAUX PROFONDES d’Alice Heit

Coupées de nos corps et de nos désirs par des siècles d’oppression patriarcale, le continent du plaisir féminin reste encore souvent terra incognita.

LES EAUX PROFONDES ouvre un de ces espaces rares et précieux, où la parole se libère et se partage… Plonge dans les continents mystérieux du plaisir féminin, s’interroge autour de ces « fontaines », qui jaillissent parfois au moment du plaisir sexuel des femmes.

Nous y voyageons, dans un imaginaire « en rhizomes », s’autorisant l’exploration, le jeu, et se nourrissant d’une aspiration profonde à réhabiliter une sexualité féminine riche, joyeuse, et qui retrouve le chemin de ses profondeurs.

Présentation du projet en ligne 

Le projet s’achèvera en Octobre 2017 suite à la résidence post-production au Light Cone à Paris… ensuite commenceront les projections !

Aujourd’hui Alice manque de pellicules pour terminer son projet…Ce mois d’août est le dernier mois de tournage…

Aider Alice : https://www.leetchi.com/c/projets-de-alice-heit

Alice sur FaceBook