Interview par Stéphanie Bié. Je vous parle de l’Oracle des Gardiennes des Mythes, du « comment ça marche », du dialogue conscient inconscient, du matristique …
Catégorie : Mythologie
Article Inexploré
Capsule vidéo de présentation de l’Oracle des Gardiennes des Mythes
Je vous parle d’Archétypes, de mythologie, de symbolique, de déesses.
La Déesse au Serpent
Le soleil avait accompagné tous mes pas au Japon. Revenue en France il me semblait solaire d’arpenter quelques lieux « sacrés »
Il en est un « petit », pas très loin de chez moi, de ces lieux encore visités, où des femmes en mal d’amour ou d’enfants vont déposer des gerbes, des bougies, des bouquets.
Je n’y trouve pas la joie et la célébration que je trouve au Japon. J’y trouvais la demande, l’attente, le chagrin aussi. Mais imbibée de mille sources je ne pouvais pas regarder cet espace comme l’expression d’un « isme » bien connu qui berça mon enfance, mon peuple : notre histoire.
Le culte est rendu sur une butte, un tumulus plus exactement sous lequel reposent guerriers, épées pliées, cassées et inutilisables. Sur la butte un arbre ! Je retrouvais l’arbre. A l’est, tout au soleil levant, j’avais vu ces forêts protéger les cultes de la Dame. Ici il était seul, mais tellement présent. Comme un gardien il posait sa ramure, protecteur, apaisant.
Le socle et la statue furent posés après la guerre de 1870 pour remercier Celle qui de son grand manteau posa comme une chappe protectrice sur le village. Ce n’est donc pas si vieux. D’ailleurs le socle de pierre posé à mains humaines n’a rien des vestiges antiques, ni leur qualité, ni leur beauté. Tout semble vite fait, monté, soudé. Soit ! Il y a cependant, un passage sous la statue, comme une grotte, un boyau, ombilic, un ventre. L’empreinte des Dolmen est si réelle en l’humain qu’elle rejaillit ici (la lumière jaillit des ténèbres et la vie de la mort). On doit donc « faire le tour », encore et toujours le tour, une « danse du soleil », un cercle de lune, pour que soit exaucés nos vœux les plus secrets.




Et puis je La regarde ! Bien sûr on reconnait en elle, l’image des visions de Catherine Labouré. Même forme, même geste. Mais moi, imprégnée d’univers, je reconnais les signes, éternité des signes, les signes qui semblent ne pouvoir s’éventer. Sont-ils autant prégnants que l’âme, aussi vieux que le monde, aussi vrais donc ? Elle garde des déesses ce don avec les mains, cette attente de fleurs. Elle trône dans le ciel, comme un soleil radieux. Ses voiles se déploient. Et, à ses pieds surtout, se trouve le Serpent. Pas un serpent vaincu, fauteur de trouble, détournement récent de nos « ismes ». Non se trouve le serpent, le plus ancien du monde, celui du tout début, sur toute la terre, celui qui dans sa gueule porte l’œuf, le soleil. Celui qui l’avale au soir et le recrache au matin : celui qui rythme le Cosmos. Serpent, libido (Jung), ADN ? Il se courbe et fait une boucle comme celui que tient Kernunos sur le chaudron de Gundestrup. Une boucle, un ovale, ovale comme un œuf, couvé dans son long corps. C’est le serpent du Mount Serpent qui avale le soleil au solstice d’été, c’est le serpent sur les pierres de Gobetly Tepe, c’est le serpent des arbres aux Indes excentrées, qui s’enroule aux arbres et fait jaillir la vie. La pierre, l’arbre et le serpent. Le mont, le ciel, le Féminin sacré.





J’ai perdu les croyances des femmes saintes qui enfantent d’esprits, pendant tant de milliers d’années les déesses ont enfanté comme les femmes, alors je les sens plus proches, plus réelles, plus vraies et celle qui trône sur ce Mont est comme une oriflamme zébrant le firmament.
Kagura à Takachiho ! Un rite artistique shintoïste
Un spectacle ? Est-ce réellement un spectacle, un divertissement ?

D’abord le « spectacle » se fait dans un temple. Il n’y a pas de foule comme nous en connaissons, qui se presse bruyante. Il y a salle comble, mais de gens bien assis, enfin sur les genoux, beaucoup ont porté leur coussin. Moi je peine, j’ai mal aux genoux, aux fesses aussi, je suis européenne…
Tous regardent la scène. Loin des 33 tableaux originaux, qui durent toute la nuit, ce soir nous n’en verrons que 4, mais pas des moindres.
Spectacle divertissant ? Danses folkloriques ? Pas vraiment. Nous n’avons pas oublié le sens qui sous tend à ces gestes, ce n’est donc pas du folklore, ce n’est pas juste divertissant. L’impact est symbolique : refaire et rejouer à l’infini les actes divins des Panthéons n’est pas un divertissement. Cela permet de faire écho aux profondeurs de l’être, ce qui se joue dehors, ce qui se joue dedans, une sorte d’Eternel Retour (Cf Eliade) Renouer à l’Instant, aux sources du monde, aux prémices de la vie, de la création … Il s’agit bien de mythe de la création, ici celle du Japon. Retour donc à nos prémices humaines ….
Voilà le Kagura ! Un rite shintoïste
Il n’y a pas de chant, ils sont 2 à frapper du tambour et jouer de la flute. Ce tambour lancinant qui nous relie aux terres et cette flute légère voltigeant vers les cieux. C’est envoûtant. Enivrant.
Il ne s’agit pas vraiment d’une danse, c’est plutôt un mime ! Refaire ce qui s’est passé in illo temporé avec des gestes
Les 4 scènes de ce soir là étaient les principales. Le dieu Tajikarao se morfond que la Grande Amaterasu se soit réfugiée dans la Caverne Céleste. Plus de vie, plus de joie, le monde ne peut rester sans Elle.
Arrive Uzumé, celle qui danse en relevant ses jupes, réveillant le besoin de vivant, faisant rire les dieux.
Le dieu, devenu rouge, ouvre la Caverne et le Miroir est là, où se mire la Dame
Pour finir Izanagi et Izanami, dont les enfants ont façonné le Japon, célèbrent la vie, le couple amoureux, tous les bienfaits offerts aux humains par la déesse réinvestie du Ciel.
J’aime qu’il ne soit pas question d’un bonheur à venir au – delà, d’un paradis au paradis, d’une promesse hypothétique. J’aime que le divin englobe la joie du faire, du chanter, du danser, du manger et du boire et du baiser, celui qu’échange les 2 protagonistes.












Takachiho Japon janvier 2023
La Caverne de la déesse Amaterasu à Takachiho
La journée se révèle douce et le soleil brille fort dans le ciel. La route a défilé sereine. Le lieu, hautement symbolique se révèle tranquille et comme préservé.
Des arbres, des arbres, des arbres.
Les ombres de leurs troncs bien plantés sont tout emmitouflés de réverbération solaire.





Parce qu’il y a des arbres, des arbres, des arbres, l’endroit est tout perclus de paix, de silence qui parle.
Il m’a fallu croiser quelques marchands du temple, bien sûr. Mais rien à voir avec ce que l’on peut imaginer, juste quelques échoppes, quelques vendeurs. Ici les gens ne font pas de grands gestes, ne parlent pas fort, ne gesticulent pas, ils passent, ils se croisent. Un sourire, un salut, bien sûr le salut. Tout semble si paisible.
Ca réverbère, ça renvoie, ça reflète. Oui le miroir est là.




Il ne reste plus qu’à descendre. En bas se trouve la grotte. Non La Caverne !
L’eau dégouline d’en haut, cavalcade, chuchote, humidité de femme entre des cuises ouvertes ; offerte à mes pas silencieux.
Avant de voir la Caverne nous pouvons déjà voir ces petits tas de pierres que les pèlerins entassent. Ils sont fait d’attention, de minutie, de cette application que mettent les Japonais à faire les choses. Il est impossible d’y toucher, de les buter, renverser, détruire. Il rode comme une odeur de sainteté.



Puis la voilà ! Elle émerge. La Caverne, Celle du Mythe, Celle où Elle s’est cachée, celle devant laquelle Uzumé a dansé, en soulevant ses jupes. Le mythe est là vivant.
Moi aussi je ramasse des pierres, moi aussi je fabrique mon tas. Moi aussi je me penche, tête baissée, corps plié. Je marque ma pliure, un temps si court mais qui donne le sens de mon geste, mais non je ne me plie pas, je salue. Moi aussi je baigne dans la béatitude, dans la paix de ce lieu, dans sa fraicheur et sa moiteur, son humidité, sa terre et ses eaux.
Ici je peux m’étaler de toute mon âme. Il n’y a pas de souffrance que celle de vouloir émerger vers la vie. Pas de sang glorifié, pas de chair mortifiée, juste la Nature, la Terre, la Rivière, les Arbres, la Pierre et le Ciel tout auréolé de lumière.


Plus au nord de Kyushu je tombais sur un autre sanctuaire dédié à Amaterasu. Mêmes arbres, même paix, même silence pointé du chant de quelques oiseaux. Est-Elle ainsi sans pleurs, sans larmes. Juste la paix de vivre. On peut s’enrubanner de l’aube ou se couvrir de nuit, à chaque fois ce sera en douceur, en bruissement d’ailes. Pas de martyrs mais pas de grandiloquence non plus. Juste une joie posée comme un manteau, un écho à ce qui tout en moi frémit.
Puiser sans fin à ces courbes graciles, je suis, je suis la terre qui porte ces arbres, je suis ces arbres qui pointent vers le ciel, je suis cette rivière qui chante et qui s’évade, je suis ce ciel où se dresse un soleil de lumière vivace. Je suis de la Nature.
Takachiho Japon janvier 2023.
Podcast sur Lunatiq : Les Gardiennes des mythes
Retrouvez le Podcast réalité par Camille pour Lunatiq l’émission holistique... par ici …..
Je vous parle des tirages, de la structure et les 8 familles de déesses qui constituent le jeu :
Famille 1 : L’émergence de la vie
Famille 2 : Les mères et les nourricières
Famille 3 : Les souveraines, les créatrices
Famille 4 : Celles qui s’incarnent, celles qui chutent
Famille 5 : Celles qui portent, celles qui souffrent
Famille 6 : Gardiennes du foyer
Famille 7 : Les déesses de la bonne mesure
Famille 8 : Déesses de la mort et des métamorphoses . «
Dans notre podcast, j’aborde le mythe de Amaterasu , et explique l’archétype vivant en nous, l’inconscient, l’inconscient médian, et supérieur, la psyché, comment faire émerger l’archétype dans notre vie, mort/vie, le masculin et le féminin, l’anima ….
» L’Oracle des Gardiennes des mythes, composé de 46 cartes, vous invite à renouer le dialogue avec les figures archétypales fondatrices, à laisser parler ces féminins en vous, à faire éclore et déployer l’essence première de leur nature sacrée. «
Parution aux Editions Véga Trédaniel
Les mythes racontent des histoires, ils racontent nos histoires, toutes les mouvances intérieures qui nous agitent, nous blessent ou nous enchantent. La vraie question est « quel est notre mythe personnel ? » en réalité nous sommes chevauchés par différents process qui peuvent au fil du temps changer, onduler, chatoyer différemment suivant nos pensées, nos actes, nos choix et le courage que nous mettons à les agir, les faire vivre, les incarner.
Parfois c’est délicieux, facile. D’autre fois c’est pénible, douloureux. C’est souvent à ce moment là que nous cherchons de l’aide, l’écoute, la parole amie, la prière, mais c’est ici que les mythes peuvent nous accompagner, car ils connaissent Le Chemin, le chemin qu’ils parcourent depuis la nuit des temps, depuis les premières humanités. C’est en eux que nous pouvons trouver l’écho de nos affres intérieures et en eux que se dessinent les possibles rédemptions, les possibles libérations, les possibles guérisons. Et les célébrations de la Vie !
Je me suis attachée dans cet ouvrage à faire éclore le message du mythe. Les féminins joyeux, aimant, puissant, les blessés, les attachés, les perdus, les vilains, les sorciers, tous ces possibles sont approchés avec respect, juste écouter leur souffle et leur message.
Je dis bien féminin, car il évident que tout cela ne parle pas qu’aux femmes mais aussi aux ailes ondulées, colorés ou flétries de l’Anima des hommes.
Enheduanna, un genre d’écriture

Lien vers l’article de May Makarem paru sur l’Orient le Jour le 14 décembre 21
Voilà bien notre société ébahie de découvrir qu’une femme ait pu être auteure, bien avant le Livre pour sortir au jour (Livre des Morts) Egyptiens ou le Yi King ! Est-ce le simple fait d’avoir été femme qui permit à Enheduanna d’écrire ces premiers textes d’une importance capitale pour la société dans laquelle ils furent déployés, tant sur le plan religieux que politique ? Devons-nous nous poser la question en termes de genre, à savoir lequel détient le pouvoir des mots quand nous ne pouvons que constater aujourd’hui combien ce point de vue est nocif ?
Ne devons-nous pas, plutôt, être interpellés de découvrir, encore une fois, qu’une société humaine peut ne pas se poser la question du genre de l’être qui œuvre ? Il semble bien que dans ce contexte ce qui prime ce sont les qualités, les compétences de la personne. Le rang, qui donne accès à la culture, car Enheduanna n’est pas fille de rien, issue du peuple, elle est fille de roi.
Il existe partout dans la plus haute antiquité une différenciation claire des genres, mais cette différenciation apparait dans un besoin de complétude, qui évite absolument une différenciation des fonctions accessibles. Plus « récemment » des femmes furent Pharaon, reine et si besoin chef de guerre défensive comme Boodicea chez les Celtes.
Mais ce n’est pas tant cette question de savoir qui de nous deux détient le pouvoir qui me fait réagir à la parution de cet article, c’est la stupéfaction de découvrir que les premières traductions datent de 1969, qu’elle est l’une des 1038 femmes dont le nom figure sur le socle de l’œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago et que malgré cela les seules traductions sont américaines, quand elles sont accessibles. Que nous nous tripotons le nombril féminin de cette information sans aller en chercher les fruits, sans nous jeter dessus, sans les traduire, sans en parler à nos enfants comme d’un fait naturel : une femme écrit des textes religieux et politiques !

L’histoire d’Enheduanna est tout aussi éloquente que celle d’Hypatie d’Alexandrie, à savoir une naissance dans une société où le genre seul ne donnait pas accès au pouvoir. L’époque trouble où commence une autre histoire qui mettra quelques milliers d’années à s’installer. Ce n’est pas sans rappeler les thèses de Françoise Gange[1] qui analyse les textes sumériens comme la longue et douloureuse chute des anciennes sociétés, pour qui les Femmes et les Hommes apparaissent souverains dans leur face à face, leur rencontre et leur complicité.

[1] Avant les Dieux, la Mère Universelle