Aquelos montagnos
Qué tan aoutos sount,
M’empatchon de bésé
Mas amous oun sount
Maman,
Nous avons souvent chanté cette chanson avec ces mots d’amour de l’amant éploré, mais nous notre amour caché par les montagnes c’était toi. C’était toi l’absente, la silencieuse, le fantôme adoré, recherché, manquant. C’était toi ce rêve, cet espoir, ce besoin. C’était toi ces baisers qui ne venaient pas, ces caresses qui ne tombaient pas.
Petite fille d’eau vive comment aurais – tu pu savoir ?
Souviens-toi, la guerre, l’orphelinat, la famine et les coups, comment aurais tu pu apprendre à aimer des enfants ? A aimer tes enfants ? Comment pouvais – tu savoir que nous cherchions ton odeur, la douceur de ta peau, dans un vieux souvenir ? Ton regard rassurant quand nous ne pouvions même pas voir ton visage ? Comment pouvais-tu savoir que ces années de silence étaient pour nous des années de souffrance ? Et le temps a passé … toi là-bas et nous ailleurs ….
Mais notre amour pour toi est de ceux qui hantent l’âme jusqu’au plus profond des sommeils, ceux qui se tissent à la chair comme un fil de chaîne et nous l’avons toujours laissé vivre …
Aquélos mountagnos
Tant s’abacharan
Mas amourettos
Se rapproucharan.
Voilà, la chanson dit qu’un jour les montagnes se rapprochent et que l’amour peut alors passer. Oui l’amour que nous avons pour toi a tenu tête au temps et a fait déplacer les montagnes. Nous sommes venus te chercher, nous sommes venus écarter les montagnes, nous sommes venus te chérir. Te chérir. Nous avons élevé la plaine pour venir à ta rencontre, te prendre dans nos bras et t’apprendre cet amour dont tu ne soupçonnais même pas l’existence.
Vois, toi qui a osé tenir tête à la mort en décidant non pas de partir comme elle l’avait décidé par le cancer qui ronge, mais comme tu l’as décidé toi, c’est-à-dire en te laissant mourir de faim, toi, tête d’ariégeoise, butée comme une pierre, tu nous avais sans le savoir transmis ce courage et nous l’avons mis au service de l’amour que nous avons pour toi. Plus fort que l’histoire, plus fort que l’héritage de vie, plus fort que les montagnes, le voilà le courage d’aimer. Il est encore là devant toi. Rien ne nous a vraiment séparés, rien ne nous séparera jamais. Tu ne seras plus jamais cette petite fille qui mettait des miettes de pain dans la bouche de cette vieille femme agonisante toute seule dans sa maison près de l’orphelinat, tu ne seras plus jamais cette petite fille abandonnée et nous ne serons plus jamais tes enfants perdus. L’amour indélébile est vivant, et il peut toujours trouver son chemin, même à travers des montagnes infranchissables. C’est celui de deux enfants pour leur mère, c’est celui que cette mère leur a soufflé dans ses derniers sourires, c’est celui que nous laisserons comme une trace à ceux qui marchent encore ….
Se canto, que canto
Canto pas per you
Canto per ma mio
Qu’es al lent de you