Que les femmes sont fortes …

La semaine dernière, je rentrais d’un week- end de travail avec 14 femmes. Le thème était « la formation à l’écoute » dans la relation d’aide, ici en l’occurrence l’aide aux parents endeuillés. Les histoires de vie sont toujours profondément douloureuses, mais je me retrouvais sur le chemin du retour légère comme une plume et me faisant la réflexion ; « que les femmes sont fortes ! ». De fait, nous étions 16 femmes, pendant ces deux jours, à tourner autour de nos âmes de femmes, à offrir à l’Esprit le calice de son expression.

Comme les femmes sont fortes, comme elles ont le courage de tourner leur regard ver les landes de l’âme et les chemins de la Vie ! Le féminin s’exprimait avec toute la vérité de son essence, sa capacité de regarder la souffrance en face, le don de pouvoir la prendre au creux de ses mains, la chanter et la porter à la lumière. Je rentrais donc porteuse des effluves du chagrin insondable, mais légère du frémissement de cette Vie qui court toujours. Je repensais à ce conte dans Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estes, où une vieille femme redonne vie à un loup en chantant au –dessus de sa dépouille. Oui les femmes savent faire cela. Peut-être parce que leur corps porte le secret de la mort et de la renaissance mensuelle, le secret de la gestation d’un nouveau possible, leur âme sait aussi puiser à ces mystères.

Je tombe aujourd’hui sur la photo d’une femme et de sa fille de 9 ans dont les visages sont brulés à l’acide (par un père/mari en colère) et ces – femmes – s’embrassent … les femmes sont fortes. Voilà maintenant 5 ans que j’anime régulièrement ces sessions à l’écoute et s’il m’est arrivé d’y croiser quelques hommes, c’est en majorité des femmes qui viennent, lourdes de leur mal, grosses de leur souffrance, mais toujours, toujours, émerge de leur âme le grand cri de la vie, de l’amour qui traverse le temps et l’espace.

Que puis-je faire moi ? Il ne s’agit pas de déplacer des montagnes, de vaincre des empires, de batailler à la victoire, mais de bien plus que ça. Il s’agit de vivre encore, de vivre envers et contre tout, toucher la joie du bout des doigts. Que puis-je faire moi ? J’ouvre mon tablier de servante et je laisse se déverser les larmes dans le pli des tissus, j’accompagne, je participe avec, et dans ce flot de chagrin frétillent de petits poissons d’espoir. Lorsque je pars, j’éprouve toujours, et avant tout, une grande gratitude, car c’est un cadeau précieux que de voir dans le ventre des femmes, le ventre de leur âme, là où geint la plus perfide des douleurs, mais où se lève aussi, doucement, lentement, inexorablement, l’Energie de la vie.

Gratitude et légèreté, car enfin devant une telle démonstration de force, de force d’amour, je ne peux que croire encore et toujours que tout est toujours possible – tant qu’il y aura des femmes pour pleurer, pour chanter, pour œuvrer à leur propre renaissance, et, par effet de sympathie, la nôtre.