Il y a plus de 30 ans déjà, un soir d’hiver, alors que la froidure hantait le vent
Un enfant fils m’a dit maman.
J’ai tissé avec lui des fils de soie indélébiles, des secrets, des amours, des silences qui parlent
Je ne pourrais pas dire combien je l’aime car mon amour est comme le ventre des montagnes, le souffle du vent, le chant de la mer.
J’ai bercé ses nuits et nourrie sa bouche, j’ai parlé pour son âme et chanté pour son cœur
Je l’ai vu devenir l’homme qu’il est vraiment, à la fois tendre et fort, à la fois là et puis absent
Raphaël, mon deuxième, mon bébé, mon trésor, toujours au fond de moi tu resteras l’enfant et tout l’amour que j’ai pour toi, a comme un gout d’éternité.
Un jour tu es parti vers le soleil levant. Mon cœur a cru mourir
Dis-moi, pourquoi ton âme, depuis ton plus jeune âge cherche les routes de l’Orient ? Pourquoi m’as-tu laissée, abandonnée près des rivières embrumées de nos vielles vallées ? Que cherchais-tu si loin ?
Mais maintenant je sais.
C’est ici qu’elle était, celle qui fait chanter ton cœur, c’est ici qu’elle est née, cette fille d’été aux yeux rêveurs, au sourire si doux, aux gestes si tranquilles.
C’est ici que l’amour t’attendait dans ce pays si beau que les dieux en frémissent.
C’est ici qu’il fallait que tu viennes.
Regarde la, ta femme, et vois comme elle me plait. Comme je l’aime déjà.
Moi je n’ai pas de filles, mais votre amour scellé m’offre ce grand bonheur d’en compter dans mon cœur.
A compter de ce jour, vous êtes deux pour moi, et quand je prends le temps de vous regarder mon amour est plus fort que le vent les grands jours de tempête, c’est plus beau que toutes les pleines lunes, les aubes lumineuses, les arbres frissonnants. C’est plus fort que ma vie.
J’ai mis mes pas dans les pas de mon fils, pour traverser la terre. Je me retrouve là et je ne changerais rien, rien de tout ce qui nous a portés ici, tous. Je goûte les secondes que m’offre cet instant.
J’apprendrais les chansons et j’apprendrais les poèmes de cette langue étrange pour moi, pour être près de vous, pour toujours à jamais, et qu’un jour vos enfants entendent de ma bouche, les mots d’amour que je vous dis déjà Raphael-to-Natsuko-ga-daisukidesu
© Sylvie Verchère Merle 2014
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